[TEST] Endless Legend 2 est une réussite absolue, qui redéfinit le complexe charme des 4X
Les marées, ça rafraîchit le genre !
J’ai vaguement joué à Endless Legend premier du nom un an ou deux après sa sortie ; vous l’aurez compris, on ne peut pas dire que j’étais fan de la saga avant de découvrir ce deuxième opus.
C’est un point important à souligner car, malgré ma très, très, très maigre connaissance de l’univers, j’attendais 2025 et la sortie du nouveau jeu d’Amplitude avec impatience. Le fait est que les 4X ont beaucoup de potentiel, et ces dernières années, de nombreux projets sont venus enrichir un genre certes de niche, mais qui tend à se populariser. Malgré ses ambitions affichées, Humankind m’a laissé sur ma faim, alors que la concurrence peine à mieux faire.
Mais après toutes ces années, est-ce que Endless Legend 2 peut mieux faire ?
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L’art au service du jeu
C’est probablement une des caractéristiques majeures d’Amplitude Studios : la direction artistique.
Les 4X ne brillent jamais – ou alors que très rarement – pour leurs graphismes, le gameplay étant au cœur de la passionnante complexité du genre. Mais après quinze ans, les artistes d’Amplitude Studios perfectionnent un art du détail et de la narration, où l’œil est perpétuellement capté par telle ou telle chose. C’est ce qu’offre Endless Legend 2 dès la première minute de jeu, puisque Saiadha est un terrain de jeu sublime. Si l’on reviendra sur le gameplay de cette planète plus tard, Amplitude nous offre une variété de biomes, comme la plupart des 4X, mais ne se contente pas d’avoir des cases de désert, de forêt et ainsi de suite. Ici, chaque hexagone fourmille de détails et de couleurs, semblant presque raconter une histoire propre qu’il ne nous reste plus qu’à découvrir.
Peut-être est-ce dû à une différence de budget, ou à une plus grande expérience des artistes, mais Endless Legend 2 est clairement le projet le plus abouti visuellement d’Amplitude Studios. Au-delà des contrées sauvages qu’il nous faut conquérir, de leurs ressources chamarrées et des contrées indomptées, la gestion d’un empire se fait aussi par l’expansion de la civilisation. Comme autant de doigts sur une main ou de sens que nous possédons, cinq factions de base sont disponibles au lancement du jeu. C’est bien peu comparé à d’autres ténors du genre, mais la direction artistique à elle seule suffit à rendre chacune de ces civilisations absolument uniques. Du premier au dernier tour, on se laisse immerger petit à petit dans la culture visuelle de chaque faction, tant Amplitude s’est attelé à créer une identité parfaite. Si le tuto nous initie aux mécaniques globales des Héritiers de Sheredyn et de leur incomparable résilience, la rejouabilité d’Endless Legend 2 réside pour beaucoup dans les différences marquées qui caractérisent chacune des factions.
Des éthérés chevaliers des Derniers Seigneurs aux religieusement scientifiques Tahuks, la faction qui m’a le plus impressionné visuellement est celle des Aspects ; répandre le corail sur la map (absolument partout, oui) a quelque chose de suprêmement plaisant, et l’esthétique de cette faction, qui vise tant les hauts bâtiments bigarrés que les guerriers mortellement mécaniques. Il faut clairement une certaine ambition pour imaginer des factions qui sont différemment charmantes, mais similairement originales – et c’est pour ça qu’on est là !
Mais si on doit parler d’art, et c’est clairement quelque chose qu‘Endless Legend 2 nous invite à faire, il serait blasphématoire de ne pas parler d’Arnaud Roy. Le compositeur attitré d’Amplitude Studios a montré par le passé sa capacité à accompagner les histoires que nous vivons avec des pièces aussi uniques que leurs instruments, mais Saiadha lui a clairement offert un autre niveau d’inspiration. Il y a quelque chose de grandiose, mais aussi d’un peu mélancolique, dans les notes que M. Roy tire de son divin outillage ; quelque chose qui évoque justement un panthéon mort, et des civilisations qui veulent les réveiller dans une course effrénée.
De par sa simple conception artistique, Endless Legend 2 est déjà une sacrée réussite.
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Diversité culturelle, guerrière et philosophique
Les cinq factions de base ont certes de magnifiques différences artistiques, mais celles-ci servent aussi de support à un gameplay aussi varié que rafraîchissant.
Les tiers de technologies débloquent de nouveaux tiers d’unités, ces dernières pouvant être améliorées de deux façons : avec de la Brume (équivalent de l’or) ou certaines ressources spécifiques. Ces options permettent une plus grande diversité de jeu, tant dans les combats qu’en macro-gestion. Les Héros offrent aussi une nuance supplémentaire, bien que leur rôle pourrait être plus diversifié (notamment au niveau des compétences) dans les combats. Cela dit, le système de relations permet de choisir parmi une assez vaste sélection de bonus, offrant un nouveau niveau de personnalisation.
Choisir où et comment s’étendre est une des fondations d’un 4X, a fortiori quand les frontières ne sont pas clairement délimitées. Avec sa mécanique de marées, Saiadha fera apparaître de nouvelles régions, de nouvelles ressources et de nouvelles menaces, ce qui est assez excitant en soi ; mais lorsque lesdites régions se trouvent entre deux empires rivaux en manque d’espace vital, la course à ces territoires fraîchement révélés devient palpitante et dangereuse. Il est donc intéressant d’apprendre à gérer ses propres ressources (l’établissement d’une ville ou le rattachement d’un camp ne sont pas gratuits) tout en sécurisant des gains durement acquis. Parfois inévitables, les Forteresses rendront la capture de région particulièrement ardue, mais les récompenses vaillent le coup ; à l’inverse, les Fléaux et leur influence corruptive seront souvent une épine dans le pied des villes déjà établies, mais ajoutent une petite dimension épicée – même si des jurons à leur encontre ne seront pas simples à éviter !
Malheureusement, Amplitude Studios a décidé de garder certaines habitudes qui ont pourtant été beaucoup décriées dans les opus précédents.
La diplomatie n’est pas spécialement mauvaise, mais elle reste trop basique. On regrette aussi qu’Endless Legend 2 ne marque pas une évolution quant à la résolution des guerres, qui reste beaucoup trop insatisfaisante. Certaines factions étant plus bellicistes que d’autres, pouvoir exiger une paix contre de véritables récompenses ferait sens. Même son de cloche vis-à-vis de la limite des villes, qui peut certes être augmentée avec des technologies, tout comme jusqu’à quatre camps peuvent être rattachés à une ville. Mais cette barrière arbitraire est plus frustrante qu’autre chose, surtout sur les grandes maps qui ne demandent qu’à être colonisées dans chaque recoin.
Cela étant dit, la variété des chemins jusqu’à la victoire, et celle du gameplay des différentes factions, permet qu’aucune partie ne ressemble à une autre. La rejouabilité est donc réussie, et les quelques petits désagréments finissent par se fondre dans l’excellence globale.
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Une réussite faite pour prospérer
Actuellement en early access pour quelques jours, Endless Legend 2 est pour l’instant le magnum opus d’Amplitude, et l’apogée de nombreuses années de travail et de perfectionnement.
S’il est déjà immensément plaisant, cet opus a clairement les fondations pour durer de nombreuses années, au fur et à mesure que les mises à jour et DLC l’enrichiront. Les retours de la communauté, comme souvent avec Amplitude, permettront aussi très probablement d’ajouter ou retirer certains éléments, faisant d’Endless Legend 2 le diamant taillé auquel devrait aspirer le genre.
On a aimé :
- Les quêtes qui apportent des éléments narratifs multiples
- La beauté presque éthérée de la soundtrack
- La direction artistique incroyable, du design des structures aux couleurs chamarrées
- L’originalité de chacune des factions
- Une interface aboutie, avec son propre charme
- La diversité générale des mécaniques
- La mécanique de marées, qui redéfinit l’exploration dans le genre
On a moins aimé :
- La diplomatie un peu fade
- La limite du nombre de villes, si frustrante
NOTE FINALE
95 / 100

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