Yasuke : retour et détails sur la polémique du « samouraï » noir d’Assassin’s Creed : Shadows

Ubisoft continue d'innover, mais à l'envers

L’annonce de Assassin’s Creed : Shadows était attendue depuis longtemps, il faut le dire ; la licence phare d’Ubisoft a visité de nombreux pays très intéressants ces dernières années, mais celui du Soleil Levant était désiré depuis au moins une décennie.

Ce nouvel opus nous fera incarner une assassin japonaise, Naoe, et un samouraï noir, Yasuke. La saga a toujours pris certaines libertés historiques avec les faits, ce qui joue même en sa faveur ; apporter un élément fantastique à l’Histoire, en offrant une réinterprétation orientée sur l’aspect ludique, fait des merveilles lorsqu’il s’agit de rendre un jeu vidéo palpitant.

Pourtant, le cas de Yasuke a rapidement enflammé les réseaux sociaux, dans des débats qui ont largement occulté Shadows en lui-même. Quelles sont les raisons de cette grogne, et qui a raison ? La vérité est rarement dans un seul endroit, mais les quelques éléments de réponse de cet article devraient vous aider !

 

 

  • Samouraï ou pas ?

 

C’est la question majeure : Yasuke était-il un samouraï, oui ou non ? La réponse est oui, mais également non.

La définition du mot « samouraï » a été, dans toute l’histoire japonaise, variable selon les époques et les régions. Si l’on prend celle définissant un samouraï comme une personne allant en guerre, alors oui, Yasuke était un samouraï ; les détracteurs de cette explication argumentent qu’il était plutôt un « retainer » ce qui, selon les circonstances de l’époque comme d’aujourd’hui, est vrai. Avant toute chose, Yasuke était effectivement une curiosité culturelle, et le seigneur Oda Nobunaga en était friand. Les sources historiques sont globalement discordantes à savoir si Yasuke était un guerrier, son rôle principal ayant été de divertir Nobunaga.

Par conséquent, on ne peut affirmer à 100% que Yasuke était un samouraï, mais le fait qu’il en soit un dans Assassin’s Creed : Shadows est explicable. La décision d’Ubisoft sur cet aspect du personnage est donc légitime… mais seulement sur cet aspect.

 

 

 

 

  • L’inconvénient d’être noir

 

Assassin’s Creed : Shadows se passera au 16ème siècle, et nous faire incarner Naoe a du sens : les femmes guerrières n’étaient pas monnaie courante dans cette époque du Japon, mais elles pouvaient en revanche faire d’excellents assassins. Etant donné le cœur du jeu, c’est plutôt une bonne chose !

Yasuke, en revanche, possède un handicap : sa couleur de peau. Cette même caractéristique qui lui a donné une place de choix à la cour d’Oda Nobunaga et fait sa réputation, est une faiblesse lorsqu’on souhaite être un discret assassin. Encore une fois, le choix d’Ubisoft de faire de Yasuke un samouraï est une liberté artistique qui est tout à fait admissible ; faire de lui un assassin, en revanche, est un non-sens malheureusement trop commun.

Un défaut majeur des réalisations du groupe français est d’avoir un personnage principal qui se veut marquant, mais une expérience de jeu aussi fade qu’oubliable. Il aurait été particulièrement intéressant d’avoir Yasuke en tant que personnage secondaire, offrant une originalité bienvenue dans un jeu où l’écrasante majorité des PNJ sont japonais. Introduire des personnages non-blancs est une bonne chose, encore faut-il qu’il y ait une logique derrière.

Comment être discret et se fondre dans la masse, lorsque l’existence même de Yasuke au Pays du Soleil levant est sa peau qui le démarque des autres ? Quelle pirouette scénaristique Ubisoft trouvera pour faire de la fringante curiosité mozambicaine un tueur des ombres ? Cocher des cases marketings est important pour un jeu AAA, mais le faire au détriment dudit jeu est au mieux dommage.

 

 

 

 

  • Le-mot-qu’on-ne-doit-pas-prononcer : wokisme

 

Qu’on se le dise tout de suite, cet article n’a pas pour but de dire s’il est bien d’être « woke » ou pas, ne serait-ce que parce que la définition de ce mot est, comme celle de « samouraï » par exemple, extrêmement changeante.

Il est évident que ces dernières années, de plus en plus de studios et d’éditeurs ont introduit plus de diversité dans leurs jeux, ce qui n’est en soi pas une mauvaise chose ; cela dit, il est aussi de notoriété publique que des « minorités » sont incluses un peu partout afin de séduire un nouveau public (qu’il existe ou pas, d’ailleurs). Dans ce cas précis, la question se pose : pourquoi Yasuke ? Comme nous l’avons vu, le choix d’un personnage noir pour cet opus ne paraît pas très pratique. Pourtant, Ubisoft a fait de ce personnage un porte-étendard pour Assassin’s Creed : Shadows, afin de séduire non-seulement une clientèle particulière, mais surtout un électorat. Les réseaux sociaux fourmillent de joueurs polarisés, et la dernière semaine nous a bien montré à quel point Shadows a été mentionné, débattu et cité ; en terme de publicité gratuite, on fait difficilement mieux !

Le site officiel du jeu indique également que Yasuke comme Naoe « attireront et seront attirés par différents types de personnes » ce qui est, aussi peu subtil que ce soit, une case de plus cochée dans la diversité. Avoir deux personnages principaux LGBT dans un jeu situé au 16ème siècle rend certes bien sur un rapport interne d’ouverture d’esprit, mais n’est absolument pas un gage de qualité ; cette habitude se retrouve de plus en plus dans d’autres licences iconiques, comme Splinter Cell qui sera actualité « pour une audience plus moderne. »

La diversité est peut-être d’ailleurs poussée trop loin, puisque le trailer laisse voir des bâtiments d’architecture chinoise, ce qui est une grossière erreur ; en tout état de cause, la diversité voulue par Ubisoft ne prend pas en compte l’identité japonaise, ironie suprême pour cette situation. Il apparaît donc que certaines minorités le sont plus que d’autres…

La trame narrative voulue par l’éditeur français se retrouve dans la description de Yasuke sur le site officiel, qui aura pour mission de « libérer le Japon de ses oppresseurs » ; peut-être va-t-on donc incarner le fier samouraï mozambicain, en route pour libérer le Japon… des Japonais ?

 

 

 

Au final, Assassin’s Creed : Shadows nous fait la même promesse que la dernière dizaine de jeux publiés par Ubisoft : la même coquille vide répétitive, où la cohérence du scénario et de l’univers sont sacrifiés au profit des courants sociaux. Les Templiers ne sont qu’un lointain souvenir dans la saga, au même titre que la discrète infiltration qui faisait le charme d’Ezio et Connor, entre autres.

Il est encore trop tôt pour juger de la qualité globale d’Assassin’s Creed : Shadows, mais aussi certainement trop tard pour espérer encore quelque chose des jeux d’Ubisoft. Quelques jours après l’annonce du jeu, le compte X du géant français a confirmé que faire une précommande permettrait de débloquer une quête bonus. Manifestement, la polémique liée à Star Wars : Outlaws n’a pas eu de conséquences. Peut-être n’est-ce pas si étonnant de part d’une entreprise largement épinglée pour harcèlement sexuel, et dont le refus de prendre ses responsabilités entraîne des grèves.

Croisons tout de même les doigts en espérant une aventure digne de ce nom au Japon. Les signes avant-coureurs sont certes mauvais, mais s’il n’y a plus d’espoir, autant tout arrêter tout de suite !

Rédacteur en chef de ce p'tit site bien sympatoche ! Amateur de jeux stylés, point bonus s'il y a une histoire riche et/ou des blagues de gamin. Dispo sur Twitter : @RealMimil

2 Responses

  1. Vesyla dit :

    Moi ce qui m’agace un peu c’est la disparition des Templiers. C’était vraiment un ennemi intéressant dans le sens où c’était l’autre facette des Assassins, et une menace qui nous suivait tout le temps.
    Depuis que la licence est devenue un RPG-like, ça a rien à voir avec Assassin’s Creed et c’est dommage. Rendez-nous les bases, en terme de gameplay et d’histoire !

  2. Skarr dit :

    pour moi cest le truc de trop, j’ai kiffé jusqu’à Black Flag et après ca a trop baissé en qualité ca devient nimp
    en tant que noir j’attend pas specialement des personnages avec la même couleur de peau je veux jsute des personnages qui déchirent et qu’on kiffe jouer. la clairement un assassins noir au japon ca a pas de sens, le prime d’ubi est derrière eux vraiment…

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