[TEST] Iron Harvest 1920+ magnifie l’horreur de la guerre avec poésie

Attendu depuis plusieurs années, le RTS Iron Harvest 1920+ est enfin disponible, proposant une autre vision des années 20. Un siècle avant le notre, une Première Guerre Mondiale dystopique plonge les pays de l’est dans un conflit sans précédent, où les méchas arpentent les champs de bataille pour y semer la mort. Alors, est-ce que King Art Games a su transformer l’essai ?

 

  • Un univers terriblement charmant

 

L’artiste polonais Jakub Różalski s’est rendu célèbre grâce à ses illustrations d’un monde apocalyptique, lesquelles ont servi de base au jeu de société ET vidéo Scythe, globalement acclamé par la critique. Réussir à transposer le tout dans un jeu de stratégie n’est pas une mince affaire, surtout que ce genre tend malheureusement à se raréfier… et pourtant, Iron Harvest 1920+ fait parfaitement le travail.

Le début de la campagne nous plonge dans la jeunesse d’Anna Kos, qui deviendra une importante figure militaire de la Polania. Ce petit pays est menacé par ses voisins, la Saxonie et la Rusviet, et est obligé d’envoyer toutes ses jeunes générations dans un combat sans fin. On sent très vite l’omniprésence de la guerre, que ce soit dans les jeux d’enfants, la tension des adultes ou, plus évident encore, les méchas qui arpentent les terres désolées. Ce monde où Nicolas II, tsar de Russie, est encore en vie est bien différent du notre. La révolution de 1917 ne s’est jamais passée, entraînant un important changement politique. Les vestiges de la Grande Guerre ont été récoltées pour bâtir d’imposantes machines de combat, et l’espoir de vivre une vie normale est extrêmement mince.

Les équipes de King Art Games n’ont pas lésiné sur les environnements, qu’il s’agisse de vallées escarpées, de collines enneigées, de forêts dans lesquelles se trouvent des puits de mine, et ainsi de suite. On se laisse porter par la beauté des paysages, au point parfois d’être surpris par une embuscade sortie des fourrés. Il n’y a pas à dire, dans la tristesse de ses carnages, Iron Harvest révèle une beauté aussi clairement aux yeux qu’à l’esprit.

 

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  • Dans un lointain passé, il n’y a que la guerre

 

Les RTS se meurent, mais King Art Games entend retrouver leur origine pour les ressusciter. Très vite, le système de jeu m’a rappelé les anciens Dawn of War de Relic Entertainment  : capture de points, formation d’escouades, aspect stratégique du terrain… l’ambiance générale ramène des années en arrière, et la recette reste efficace.

Bien entendu, l’argument sexy de Iron Harvest, ce sont les méchas ! Petits et rapides, longilignes et taillés pour le corps à corps, pesant et carrés… la diversité de ces machines de guerre est impressionnante, et offre, d’abord pour les yeux, un spectacle grandiose. Leurs coûts et rôles différents permettent des compositions d’armées soit optimisées, soit agréables à regarder. Et il n’y a rien de plus satisfaisant que de voir des colosses aux couleurs de la Rusviet enfoncer une ligne d’infanterie adverse.

Pourtant, ces titans de fer posent un léger problème d’équilibrage, voire-même de diversité. Qu’il s’agisse de la campagne ou d’une partie rapide, chaque bataille commencera avec des escouades d’infanterie, aux différentes spécificités. Mais dès que les méchas entrent dans la danse, il devient un peu plus compliqué pour les humains normaux d’opposer une résistance digne de ce nom, malgré l’usage de grenades à manche et autres grenadiers. Et si l’ensemble est largement appréciable, on regrette malgré tout l’absence d’un niveau intermédiaire entre ces deux types d’unités ; peut-être que des motos ou des tanks légers auraient été sympas ?

 

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J’évoquais plus haut la beauté des environnements, mais ne vous y trompez pas : ils seront primordiaux à la survie de vos unités, et aux tactiques de guerrilla. Il est possible de poster une escouade dans un bâtiment, ce qui peut se révéler très utile… jusqu’à ce qu’un mécha massif vienne détruire ledit bâtiment d’un coup d’épaule. Il en va de même pour les barricades, extrêmement utiles pour mettre vos unités à l’abri – à condition de ne pas se faire flanquer. Gare aux obstacles destructibles, qui peuvent être abattus rapidement grâce à quelques salves d’infanterie ou de mécha.

Chacune de ces machines de guerre tombée peut être recyclée, en envoyant une escouade sur sa position récupérer le fer et le pétrole. Pratique pour avoir quelques ressources en plus au beau milieu d’un combat, surtout avec quelques ouvriers sous la main ! Ceux-ci bâtissent les structures nécessaires à l’effort de guerre, bien sûr, mais peuvent aussi réparer les méchas ou encore dresser des barricades ainsi qu’enfouir des mines. La guerre dans toute sa splendeur, où il faudra être constamment au taquet et faire évoluer ses stratégies en fonction de l’ennemi.

 

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  • Et donc, camarade ?

 

Iron Harvest 1920+ propose une campagne scindée en trois axes (une pour chacune des factions) mémorable, avec des mécaniques stylées comme faire avancer un train de combat au milieu des lignes ennemies. La direction artistique est monumentale, et servie par des graphismes aux petits oignons ; ajoutez à cela une soundtrack parfois mélancolique, parfois épique, et vous avez un jeu aussi immersif que poignant.

Bien entendu, King Art Games et l’éditeur Deep Silver ont de plus grandes ambitions pour leur jeu : d’abord avec les saisons compétitives, et de nombreuses récompenses cosmétiques assez agréables. Mais la campagne laisse également envisager des DLC exotiques, notamment avec la possible implication du Shogunat. Si le studio polonais réussi à ajouter plus de diversité à l’avenir, il ne fait aucune doute que Iron Harvest 1920+ s’annoncera comme le digne héritier des STR de nos enfance.

 

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On a aimé :

  • La direction artistique, tant des unités que des environnements
  • La variété de méchas
  • La bande-son poignante
  • Cette dystopie bien travaillée
  • Les combats stratégiques, et la logistique qui va avec
  • Ramasser des armes tombées au sol pour changer le type d’unité, bien vu

 

On a moins aimé :

  • Un manque de diversité des unités, surtout entre méchas et infanterie
  • Une fluidité pas toujours optimale

 


NOTE FINALE


85 / 100


 

 

Rédacteur en chef de ce p'tit site bien sympatoche ! Amateur de jeux stylés, point bonus s'il y a une histoire riche et/ou des blagues de gamin. Dispo sur Twitter : @RealMimil

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