[TEST] Khazan : The First Berserker apporte de la fraîcheur à la plus sombre obscurité
Otaku mais pas cliché
Développé par Neople et édité par Nexon, Khazan : The First Berserker est la dernière entrée dans le monde merveilleux des Souls-like, mais aussi la première pour Dungeon & Fighter. Cette licence aussi appréciée que célèbre en Asie fait ses premiers pas en Europe, avec beaucoup d’attentes de la part des joueurs.
Il est très difficile de marcher dans les pas de From Software, surtout que le clonage est plus populaire que la création. Heureusement, le général déchu que nous incarnons nous prouve qu’il y a encore de l’espoir !
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Un gameplay accessible, mais pas simpliste
Oui, Khazan est un Souls-like. Non, il ne vous fera pas jeter la souris contre le mur… sauf si vous le décidez. Un mode facile est proposé d’entrée, ce qui permet aux néophytes de goûter au genre sans se faire dévorer vivant. Pour les puristes, rassurez-vous : le challenge est bien là en difficulté normale, avec un système de combat nerveux et exigeant, mais juste.
La richesse du gameplay ne vient pas tant du nombre d’armes (trois au total : doubles lames, estramaçon et lance) que de la manière dont on les personnalise. Les arbres de talents débloquent des variations de style vraiment marquées, et certains coups spéciaux — coucou le lancer de javelot façon « sniper de l’ombre » — viennent pimenter les affrontements de manière jubilatoire.
Les spectres, véritables entités à équiper, modifient en profondeur votre approche du combat. Certains renforcent les contres, d’autres boostent l’agressivité ou la mobilité, créant ainsi des builds variés. À cela s’ajoutent les âmes de soutien, sortes de compagnons temporaires améliorables, et un éventail d’huiles et de consommables (buffs, soins, effets élémentaires) à combiner selon les situations. Bref, de quoi expérimenter sans se lasser.
C’est une bonne chose car il est facile pour un studio de tomber dans la facilité et de faire un jeu aussi linéaire que compliqué, mais Neople évite cette erreur en nous proposant plusieurs options, qui sont toutes agréables. Notons aussi que Khazan n’est pas un open world, à une époque où chaque studio aime vanter l’immensité de sa map en cachant le manque de profondeur ; avoir des niveaux linéaires permet à Khazan : The First Berserker de mieux contenir son histoire en leur conférant un objectif et une direction artistiques propres.
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Un style graphique qui assume sa différence
L’alliance entre cell-shading pour les personnages et environnements réalistes peut surprendre, mais elle fonctionne étonnamment bien. Le résultat ? Une esthétique unique qui donne à Khazan une vraie identité visuelle, dans un genre souvent englué dans des gris mornes et des ruines génériques.
La direction artistique, elle, fourmille de détails : architecture massive, ruelles crades ou décors plus mystiques, chaque zone a son petit quelque chose. On sent que l’équipe artistique s’est fait plaisir, et ça, ça fait du bien. Les jeux de type « manga » ont une fâcheuse tendance à partager la même patte, laquelle est d’ailleurs loin d’être désagréable. Neople prend néanmoins le risque d’aller un peu plus loin, et si on est clairement sur un jeu à l’esprit asiatique, il y a suffisamment de diversité artistique pour que l’univers de Dungeon & Fighter puisse séduire.
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Un univers sombre, mais parfois un peu trop codifié
Côté narration, Khazan n’est pas avare en rebondissements. L’histoire évolue vite, avec un entourage de personnages qui ne sont pas juste là pour faire joli : ils complotent, agissent, trahissent… parfois sans même apparaître à l’écran. On apprécie cette tension constante, ce sentiment que le monde vit indépendamment du héros.
Mais si le fond intrigue, la forme laisse parfois à désirer. Le jeu retombe dans des archétypes vus et revus : l’adjuvant sexy en armure moulante, le traître au regard noir, le boss final à la souffrance très shonen dans l’âme… Un peu plus de subtilité n’aurait pas nui, d’autant que certains designs frisent le caricatural : cheveux fluo, poses edgy et cuisses XXL côtoient une DA par ailleurs très sérieuse, créant un étrange déséquilibre.
Peut-être est-ce justement ce fameux côté manga dont en parlait plus tôt, qui rappelle que The First Berserker a surtout pour cœur de cible les otakus. Ainsi, la vibe sérieuse et sinistre de notre aventure dans l’empire de Pell Los est parfois atténuée, voire gâchée, par l’introduction de clichés aussi colorés que éculés. Rien de bien grave, en somme, mais c’est tout de même assez dommage.
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En bref : un premier essai solide, à peaufiner
Khazan: The First Berserker ne révolutionne pas le Souls-like, mais il y injecte assez de personnalité pour se démarquer. Khazan ne révolutionne pas le genre dominé par From Software, et c’est une excellente chose ; gameplay dense mais accessible, narration efficace et direction artistique réfléchie nous permettent de profiter pleinement de cette aventure, qui donne sonne comme le début d’une grande saga à venir. Pas besoin de réinventer la roue si elle roule, right ?
Certains clichés narratifs et choix de design pourront faire grincer des dents, mais pour un premier opus, l’équilibre entre ambition et accessibilité est franchement réussi. Une belle surprise pour les curieux comme pour les vétérans en quête d’un Souls-like nerveux.
Mention spéciale à l’aspect technique, puisque dès sa sortie, Khazan n’a pas eu de problèmes majeurs et tourne sur la plupart des machines, avec fluidité et beauté. Un fait rare de nos jours, qu’il faut souligner !
On a aimé :
- Direction artistique et level design efficaces
- Différentes options de jeu, notamment via les arbres de compétences
- Une histoire efficace, qui n’est pas plate sans en faire des tonnes
On a moins aimé :
- Certains clichés trop présents
- Les P2 de certains boss sont bien plus puissantes que les P1. De manière parfois démesurée, c’est assez frustrant…
NOTE FINALE
90 / 100
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