Jeux vidéo : l’Europe veut imposer la transparence sur les monnaies virtuelles et micro-transactions

Bye bye les gemmes et autres cristaux

Depuis mars 2025, l’Union Européenne s’attaque à l’un des piliers économiques du jeu vidéo : les micro-transactions. Les fameuses « monnaies in-game » — gemmes, cristaux, points ou crédits — devront désormais afficher leur équivalent en euros.

Cette exigence découle d’un ensemble de recommandations publiées le 21 mars 2025 par la Commission européenne et le CPC Network, le réseau des autorités nationales de protection des consommateurs. Baptisé Key Principles on In-Game Virtual Currencies, le document impose aux éditeurs de « montrer le prix d’un contenu ou d’un service non seulement en monnaie virtuelle, mais aussi en monnaie réelle. »

 

 

  • Quand les « cristaux » masquent la facture réelle

Les devises virtuelles sont devenues omniprésentes : elles fluidifient les achats… mais surtout, elles dilueraient la perception du coût. Un skin à 600 cristaux ? Le pack de 500 coûte 4,99 €, celui de 1 000 revient à 8,99 €. Le joueur achète donc plus que nécessaire, et conserve un solde résiduel qui l’incite à racheter. Pour les autorités européennes, ce système relève d’une manipulation comportementale, surtout auprès des plus jeunes.

Le CPC Network ne crée pas de nouvelle loi : il s’appuie sur la directive européenne sur les pratiques commerciales déloyales et celle sur les droits des consommateurs. Ce cadre d’interprétation permet toutefois aux États membres de sanctionner les jeux qui cacheraient le vrai prix de leurs contenus. Les Pays-Bas, via leur autorité ACM, ont joué un rôle moteur dans cette initiative. La Suède, de son côté, a déclenché une action coordonnée européenne contre Star Stable Entertainment AB, soupçonnée d’offres floues à destination des enfants.

Désormais, un principe domine : si le joueur ne peut pas évaluer immédiatement le coût réel d’un achat, le jeu viole son droit à l’information. Les studios doivent donc afficher le prix en euros, et éviter les systèmes de monnaie forcée ou à conversion opaque.

 

 

  • Une évolution qui touche toute l’Union européenne

Chaque pays membre applique le cadre à son rythme, mais la tendance est claire. En France, la DGCCRF a confirmé qu’elle surveillerait les pratiques liées aux monnaies virtuelles : pas de texte spécifique pour l’instant, mais les contrôles s’intensifient sous le régime des pratiques commerciales trompeuses.
Les Pays-Bas, la Suède et l’Italie figurent parmi les États les plus actifs, tandis que d’autres — comme la Belgique ou l’Allemagne — appliquent les principes via leurs autorités nationales. Grâce à cette approche coordonnée, l’Union européenne peut désormais lancer des enquêtes transfrontalières : un manquement dans un pays pourra déclencher une action simultanée dans plusieurs autres.

Pour les studios, le message est limpide :

  • chaque achat intégré doit afficher son prix en monnaie réelle ;
  • le taux de conversion doit être visible avant toute transaction ;
  • les packs de monnaie virtuelle doivent rester proportionnés.

L’objectif n’est pas de bannir les monnaies in-game, mais de leur retirer leur pouvoir de dissimulation.

 

 

  • Vers un jeu plus lisible — et plus responsable

Cette initiative s’inscrit dans la continuité des précédentes batailles de Bruxelles : après les loot boxes, place à la transparence économique.

Les micro-transactions représentent aujourd’hui plusieurs milliards d’euros de revenus annuels, et l’Europe veut s’assurer que ce modèle repose sur une information loyale.

Concrètement, les joueurs devraient bientôt voir apparaître, sur les boutiques de leurs jeux préférés :

« Pack de 500 gemmes – 4,99 € »
« Épée légendaire – 600 cristaux (≈ 5,39 €) »

Les développeurs disposent encore de quelques mois pour adapter leurs interfaces avant les premiers contrôles. Et cette fois, les autorités nationales avancent ensemble : un manquement local pourra avoir des répercussions européennes. L’Union ne bannit pas les monnaies virtuelles, mais leur impose la clarté.

Et si la mesure semble modeste, elle pourrait marquer un tournant : celui d’un jeu vidéo plus transparent, où le joueur sait enfin ce qu’il paie — sans calcul mental, ni piège psychologique.

 

 

 

Rédacteur en chef de ce p'tit site bien sympatoche ! Amateur de jeux stylés, point bonus s'il y a une histoire riche et/ou des blagues de gamin. Dispo sur Twitter : @RealMimil

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