Rachat de Warner Bros : Netflix n’est pas spécialement enchanté par les studios de jeux vidéo

Y'a quand même quelques bonnes licences, non ?

L’offre de rachat de Warner Bros. Discovery par Netflix a révélé une position étonnamment tranchée concernant Warner Bros. Games, division assez importante du groupe américain.

Gregory Peters, co-PDG de Netflix, a affirmé auprès des investisseurs que les studios de jeux n’avaient été associés à aucune valeur financière dans l’évaluation de l’acquisition. Une déclaration qui surprend, car Warner Bros. Games n’est pas un poids plume : Hogwarts Legacy a été l’un des plus grands succès récents, plusieurs studios internes maîtrisent des licences fortes, et le groupe dispose d’un savoir-faire reconnu ; autant d’avantages importants dans un milieu hyper concurrentiel. Pourtant, Netflix les considère comme « relativement mineurs » face à l’objectif principal du rachat : le catalogue audiovisuel, les franchises et la puissance de distribution.

Ce décalage entre la réalité du marché et le discours de Netflix s’explique par une stratégie prudente, presque défensive. En ne valorisant pas WB Games, Netflix évite d’alourdir le coût du deal et se protège d’un secteur perçu comme trop risqué. Le marché AAA est d’ailleurs sous tension depuis la reprise post-Covid : explosion des budgets, restructurations massives, projets annulés et incertitudes sur la rentabilité. Warner elle-même a subi des revers, ce qui renforce l’idée que les jeux représentent un actif fragile. Pour Netflix, mieux vaut considérer ces studios comme un potentiel optionnel plutôt que comme une composante essentielle du rachat.

 

 

 

Cette posture reflète aussi la difficulté de Netflix à définir une véritable stratégie gaming. L’entreprise investit surtout dans des jeux mobiles intégrés à l’abonnement, sans ambition claire dans le domaine des titres premium. Acheter Warner n’est donc pas, pour elle, une porte d’entrée dans le AAA, mais un moyen d’acquérir des univers exploitables ailleurs : films, séries, produits dérivés, expériences transmedia. Les jeux deviennent un réservoir narratif plutôt qu’un secteur à développer.

Les implications pour les équipes de WB Games sont potentiellement préoccupantes. Lorsqu’un acquéreur ne valorise pas un actif, il peut être tenté de réduire son périmètre ou de réorganiser les studios après l’opération. Dans un contexte où Paramount Skydance a lancé une contre-offre bien plus élevée, le flottement stratégique autour des activités gaming de Warner devient encore plus prononcé.

S’il faut le rappeler, Warner n’est pas qu’un agglomérat de licences cinématographiques, il y a aussi des licences de jeux vidéo ultracélèbres ; c’est d’autant plus ironique que Netflix multiplie les séries tirées de jeux, de romans ainsi que de mangas. Juxtaposer le tout avec des jeux vidéo, surtout des licences respectées depuis de nombreuses années, pourrait être une stratégie viable.

A voir ce que le géant du streaming décidera de faire mais, dans les cas, il est fort probable que les joueurs puis les employés trinquent…

 

 

 

 

Rédacteur en chef de ce p'tit site bien sympatoche ! Amateur de jeux stylés, point bonus s'il y a une histoire riche et/ou des blagues de gamin. Dispo sur Twitter : @RealMimil

Laisser un commentaire