Le 29 décembre 2025, Michał Kiciński, co-fondateur de CD Projekt, a finalisé l’acquisition de GOG, la plateforme de distribution numérique connue pour son engagement en faveur des jeux sans DRM. Jusqu’ici détenue par CD Projekt, GOG repasse sous le contrôle direct de l’un de ses créateurs, à l’origine même de sa philosophie.
Fondée en 2008, Good Old Games — le plus souvent abrégé en GOG — s’est construite à contre-courant d’un marché de plus en plus dominé par des écosystèmes fermés, des lanceurs omniprésents et des DRM intrusifs. Là où beaucoup ont transformé l’achat en simple licence conditionnelle, GOG a défendu une idée simple mais devenue presque subversive : un jeu acheté doit appartenir pleinement au joueur. Téléchargement hors ligne, installation sans connexion permanente, conservation sans dépendance à un service tiers : une promesse tenue depuis plus de quinze ans.
Mais l’apport de GOG ne se limite pas à une posture idéologique. La plateforme s’est imposée comme un acteur central de la préservation du patrimoine vidéoludique, en ressuscitant des jeux devenus autrement inaccessibles. Grâce à un travail technique conséquent — correctifs maison, compatibilité avec les systèmes modernes, intégration de fonctionnalités absentes à l’origine — des titres abandonnés par leurs éditeurs ont retrouvé une seconde vie. Ce travail de conservation, rarement valorisé à sa juste mesure, pallie les lacunes d’une industrie peu soucieuse de son propre héritage. Plus tôt cette année, GOG a d’ailleurs rejoint l’European Federation of Game Archives, Museums, and Preservation Projects, dédié à la préservation du patrimoine vidéoludique.
Cette démarche s’appuie également sur la communauté, notamment via des outils permettant aux joueurs d’indiquer les licences qu’ils souhaitent voir revenir sur le marché légal. Une approche participative qui tranche avec la logique descendante de nombreuses plateformes concurrentes.
L’opération, estimée à 90,7 millions de zlotys polonais (soit environ 21 millions d’euros), s’accompagne d’un accord de distribution garantissant la présence des futurs jeux développé par CD Projekt Red sur GOG. Pour le titan polonais, la cession permet un recentrage sur le développement AAA ; pour GOG, elle marque un retour à une gouvernance pleinement alignée avec sa mission initiale.
Dans un contexte où la dématérialisation rime souvent avec perte de contrôle pour le consommateur, GOG continue d’incarner une alternative crédible, discrète mais essentielle, en rappelant que le jeu vidéo est aussi un bien culturel à préserver, et non un simple service à exploiter. Ayant annoncé l’acceptation de dons en juillet dernier, Good Old Games doit faire face à un marché toujours plus concurrentiel, où l’hégémonie de Steam ne semble pas pouvoir être remise en cause. Avec la direction – et les moyens – de M. Kiciński, espérons que la plateforme continuera de tirer son épingle du jeu !
