Overwatch : récapitulatif et explications autour de Ellie, la mystérieuses joueuse pro… fake ?

C’est LA polémique qui agite la scène esportive d’Overwatch depuis mi-décembre : qui est Ellie, joueuse recrutée dans la division Contenders par Second Wind ? Cette histoire en trois actes (pour l’instant) c’est pas toujours bien claire, mais a certainement révélé certains des dysfonctionnements de l’eSport, qu’il soit amateur ou professionnel.

 

  • Acte I : un recrutement mystérieux et controversé

 

Le 21 décembre, l’équipe nord-américaine recrute Ellie, une joueuse mystérieuse aux origines inconnues. Ce recrutement fait suite au licenciement de Colin « Coluge » Arai, joueur réputé pour son comportement toxique, en particulier envers les femmes. Le prénom et le nom d’Ellie ne sont pas révélés, chose assez inhabituelle pour une joueuse performant dans une ligue professionnelle.

Si ce recrutement est bien accueilli par la plupart des gens, d’autres s’attaquent au sexe de la joueuse pro, ayant manifestement du mal avec l’idée de voir une femme jouer au milieu d’hommes. Un compte Twitter récemment créé est néanmoins tenu par Ellie, et globalement, les polémiques s’éteignent ; la joueuse stream de temps à autres sur sa chaîne perso, parfois avec d’autres personnes, issues de la communauté Reddit Overwatch.

 

  • Acte II : les premiers soupçons, les débuts d’enquête

 

Le 28 décembre, Ellie lance un stream ; de nombreuses personnes remarquent que son gameplay est plus que passable, notamment avec Hanzo, héros qu’elle dit pourtant maîtriser. Il est toutefois important de noter que toutes les VOD de la chaîne d’Ellie ont depuis été supprimées. Pour mettre fin à ces rumeurs, le 30 décembre, la joueuse professionnelle stream en défiant divers protagonistes de Reddit, faisant preuve d’un excellent niveau de jeu. Cependant, certains croient reconnaître Punisher, un joueur top 500, tandis qu’une voix de femme rempli le rôle d’Ellie.

 

 

 

La controverse s’enflamme, tandis que les enquêtes se multiplient. Un certain Haunt, déjà connu de la communauté pour son comportement toxique, s’attaque personnellement à Ellie. Punisher semble être la personne derrière ce compte, mais aucune preuve n’est réellement fournie ; Second Wind ne commente pas l’affaire.

 

  • Acte III : la fin des haricots ?

 

Le 3 janvier, Ellie annonce quitter son équipe. Justin Hughes, le manager de Second Wind, a notamment mis en cause la communauté, expliquant que « nous voulions un joueur, mais le public voulait autre chose« . Les réactions ont été très nombreuses suite au départ d’Ellie, le joueur de Paris Eternal Luis « Grevy » Perestrelo se fendant d’un « xd » avant de d’excuser dans la foulée. De leur côté, Daniel « Gods » Graeser (Gladiator Legions) et Charlie « Nero » Zwarg (Guangzhou Charge) ont manifesté leur soutien ici.

 

 

 

Mais le 4 janvier, la vérité tombe : Ellie n’existe pas ! Aspen, streameuse Overwatch pour la structure Cloud9, a révélé que Punisher était derrière cette joueuse, le tout étant une expérience : « Ellie n’est pas Ellie. Tout cette histoire était un genre d’expérience sociale. Ellie était en fait Punisher, et il me l’a dit hier« . La vidéo de l’annonce sur Twitch a atteint plus de 500 000 vues, preuve de l’ampleur prise par le phénomène. Coluge, l’ancien joueur remercié par Second Wind, a également indiqué être Ellie, mais les éléments collent assez peu.

 


 

Second Wind s’est publiquement excusé dans un communiqué, expliquant ne pas avoir été au courant de la supercherie, et sa volonté de laisser à Ellie « le bénéfice du doute« . Cela étant dit, cette histoire pointe du doigt deux dysfonctionnements majeurs de la scène esportive.

Premièrement, la non-vérification de l’identité lors du recrutement. Second Wind est une équipe évoluant en division Contenders de l’Overwatch League, le tournoi chapeauté par Blizzard. Si l’objectif de cette ligue est de découvrir et former les futurs talents, la manque de professionnalisme lors de cette affaire passe mal. Certes, Second Wind a largement sa part de responsabilités, mais Blizzard aurait dû donner les moyens à ses poulains d’anticiper ce genre de situations.

 

 

 

L’autre problème est, malheureusement, celui du sexisme. Dans les heures suivant la révélation d’Aspen, beaucoup de joueurs se sont félicités sur Twitter, Reddit ou Facebook de la défaite de la « gauche libérale », terme désignant souvent les personnes socialement progressistes. Sans tomber dans le bête débat politique, les Etats-Unis sont grossièrement divisés entre une gauche progressiste, qui milite pour une meilleure exposition des minorités, et une droite conservatrice, souvent propre à tourner en dérision les volontés de son opposition. Ici, la réception de l’arrivée d’Ellie et le traitement de l’affaire mettent en exergue un sexisme encore largement présent, où il est mal accepté par beaucoup qu’une joueuse puisse atteindre un niveau professionnel et évoluer dans de grandes ligues.

Blizzard n’a pas formellement réagi sur l’affaire, mais a néanmoins indiqué être en discussion avec Second Wind pour éclaircir tout ça ; on ne sait pas encore si cela coûtera à l’équipe nord-américaine son slot dans la Contenders Division, l’enquête risquant de prendre un peu de temps. C’est en tout cas une mauvaise publicité pour la ligue amateur de Blizzard qui, en novembre dernier, avait déjà souffert du départ du Toronto Esports Club.

 

Rédacteur en chef de ce p'tit site bien sympatoche ! Amateur de jeux stylés, point bonus s'il y a une histoire riche et/ou des blagues de gamin. Dispo sur Twitter : @RealMimil

2 Responses

  1. Obvious75 dit :

    Il y a certainement eu des commentaires sexistes à l’encontre de cette « Ellie » mais il y aussi beaucoup de joueurs qui se demandaient comment une joueuse avec un compte disposant de peu de temps de jeu sur OW pouvez en si peu de temps se retrouver dans le top rank et même intégrer une équipe pro. Du coup tout les regards se sont tournés vers elle. Il y a eu plusieurs choses assez louches pendant les streams fait par Ellie que la plupart se sont dit que cette joueuse était en réalité un joueur pro, certains ont reconnu le style de jeu de de Punisher, et de là il y a eu du harcèlement pour qu’il l’avoue. Le doxxing qu’il a subit a permis de révéler qu’il s’agissait bel et bien de lui.
    Donc blâmer la communauté OW pour avoir démasqué un fake je trouve ça limite.

    • Lothan dit :

      Hello Obvious, merci de ton commentaire ! Effectivement, la communauté au sens large n’est pas à blâmer, bien au contraire ! La faute revient plutôt à SW et Blizzard de ne pas avoir été assez vigilants ; en revanche, certains membres de la communauté ont été particulièrement dégeulasses au tout début de l’histoire, en voyant qu’une femme avait été recrutée. C’est un problème endémique des JV et surtout sur Overwatch, suffit de voir les réactions sur la sexualité de Tracer et 76^^

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